vendredi 19 septembre 2014

Une "bourde" magnifique

La matinée s’annonce, comme d’habitude, des plus belles et ensoleillées. Quittant Bakersfield, on traverse Porterville, puis Strathmore, mais surtout des champs envahis par des puits de pétrole qui se balancent en cadence. Ils sont si proches les uns des autres que l’on peut se demander si chacun a tout simplement dû y poser le sien.

A Lindsay, on quitte la 65 pour la 204, toujours et encore vers le nord, laissant Exeter sur la gauche avant de bifurquer sur la droite sur la 198. On a du mal à imaginer que l’on se dirige vers une forêt millénaire dominée par des géants. Lorsque la terre sèche cède la place à de la végétation, il ne s’agit alors que d’arbustes. Tout ici est planté d’agrumes. D’ailleurs, on arrive à Lemon Cove. C’est tout dire. Pendant la grande dépression, de nombreux migrants trouvaient un emploi dans ces plantations.

On longe le lac Kaweah avant d’atteindre Three Rivers.

Arrêt près d’une enseigne Subway afin que chacun puisse s’acheter un sandwich pour midi. 

La route serpente depuis que nous longeons la vallée de la Kaweah. Prélude à des virages bien plus serrés lorsque nous pénétrons dans le Séquoia National Park.

Ce parc est le plus ancien des parcs nationaux après celui de Yellowstone. Sa création a permis de sauver les derniers exemplaires d’une espèce qui couvrait alors toute la terre.
Au 19siècle, le nombre d’arbres abattus et débités en planches est absolument inimaginable. La conquête de l’ouest n’aurait jamais été possible sans eux. Toutes les villes ont été construites en bois. Les voies des chemins de fer, les bateaux, les ponts, les étais, les clôtures et que sais-je encore. On parle assurément du massacre de bisons. On oublie trop souvent cet autre génocide, qui d’ailleurs perdure encore aujourd’hui, plus haut vers le nord.

A l’entrée du parc, notre petit groupe s’égaille en fonction des affinités de chacun. Nous pique-niquons près de la rivière, à l’ombre d’un grand arbre.

De là, nous montons à l’assaut du mont Whitney en direction de la star du parc, le Général Sherman, un séquoia, vieux de 4 000 ans, s'élevant à plus de 80 m de hauteur. Nous ne sommes bien évidemment pas les seuls. La taille des "visiteurs" donne une idée de sa taille.

L’autre majesté, le « Tunnel log », nécessite de prendre une petite route, la Crescent Meadow Road, qui nous  entrainerait inévitablement dans un périple incompatible avec notre timing. Dommage. Juste une image récupérée sur Internet pour expliquer qu’étant tombés sur la route, puis creusés pour laisser l’accès, nombre de véhicules viennent se confronter à cette improbable rencontre.

Si le début de la route à  flanc de montagne était splendide, avec des points de vues extraordinaires sur les vallées, maintenant nous roulons très lentement sur un bitume qui part en lambeaux, cédant sous les gravillons et le sable. Mais l'environnement de la forêt profonde, gigantesques séquoias et pins rouges, est tout aussi magnifique. Lors d'un arrêt, nos jeunes compagnons d'échappée voient un ours. Ils étaient devant nous. Peut-être que notre arrivée en moto l'a fait fuir.

Après nous être tous retrouvés au "Visitors Center", nous reprenons la route vers une vallée absolument extraordinaire. Sauf que nous nous sommes – une fois de plus – plantés. Au lieu de prendre à gauche, la sortie du parc, nous avons pris à droite vers Kings Canyon Park.

Une merveille, peu connue, car cette route est un cul de sac où bien peu s’engage évidemment. Sauf nous ! Et comme de bien entendu, personne ne s’en rend compte. Notre soirée sera dès lors, et comme d’habitude, engagée dans une nouvelle course poursuite contre la montre, car, cette petite bourde nous coûtera plus d’une heure aller-retour. Cette fois-ci, je ne la ramène pas car je me suis régalé.

De toute façon, d’autres s’en chargent. Seul ennui, la descente vers Woodlake, construite sur les berges de Bravo lake, se fait dans la pénombre. Nous arrivons à Fresno de nuit. Pas grave, il parait que c’est l’une des villes les plus débiles des USA selon le site Web d'information américain « The Daily Beast ». Fresno que l’on quitte en passant près de Pinedale, un camp de rassemblement de plusieurs milliers de citoyens américains d’origine japonaise en 1942.

La route franchit « Picayune Rancheria » la réserve indienne des Chukchansi. Nous n’en verrons rien. Puis, enfin, notre destination Oakhurst.
L’origine de la ville est le "Sierra Sky Ranch Resort" niché entre de hauts bosquets de chênes et de pins. A l’origine le Ranch Sierra fut la première ferme d'élevage de la région. Elle devint en 1898, le plus grand ranch de bétail en Californie. Cependant, dans les années 1930, le ranch fut vendu et transformé en sanatorium puis l’armée y fit un hopital pour les nombreux blessés et malades de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui, il sert de lieux de résidence des nombreux visiteurs du parc national de Yosemite malgré – ou pour - une réputation sulfureuse : il serait  hanté par quatre esprits ; celui d’un vieux cow-boy qui s'est suicidé au ranch, deux enfants qui sont morts au sanatorium de tuberculose ainsi qu’une infirmière. De nombreux événements étranges ont été rapportés à son propos, comme cette odeur de vieux parfum, un piano qui joue seul, de soudaines brumes qui se mettent à flotter dans l'air, sans aucune raison. Il est tard. Nous sommes une fois de plus épuisés. Nous n’avons donc que faire de ces bagatelles. Un apéritif, offert pour se faire pardonner l’erreur de parcours, sera toutefois le bienvenu.

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